MOLIèRES 2024 : SOPHIA ARAM FUSTIGE UN « SILENCE ASSOURDISSANT » APRèS LES ATTAQUES DU 7 OCTOBRE

« J’aurais pu trouver plus léger, mais je vous assure, rien de plus sincère. » L’humoriste et chroniqueuse Sophia Aram a accusé lundi soir lors de la 35e nuit des Molières le monde la culture d’avoir laissé un « silence assourdissant » s’installer après les attaques du 7 octobre du Hamas contre Israël, qui ont fait près de 1 200 morts israéliens. Sur la scène des Folies Bergère, celle qui a reçu le Molière de l’humour pour son spectacle « Le Monde d’après », a appelé à se montrer « solidaire » des « victimes israéliennes », tout autant que des « milliers de civils morts à Gaza ».

Arrivée sur scène pour remettre le Molière de la meilleure comédie, l’humoriste s’est d’abord lancée d’un ton léger. « J’aimerais tellement faire de cet instant un moment léger, inclusif et bienveillant, un moment de tendresse entre théâtre privé et public, ou un moment de réconciliation entre Rachida Dati et Kebab, le chien de Gabriel Attal », a-t-elle ironisé. La ministre de la Culture, présente dans la salle, avait menacé en mars dernier de « transformer (…) en kebab » la chienne du Premier ministre, selon les informations du Monde.

« Je me contenterai d’un message de service », a poursuivi Sophia Aram, avant d’adopter un ton plus grave. « Nous qui partageons la liberté de pousser un cri sur toutes les chaînes de France ou de hurler nos indignations sur tout et n’importe quoi dans des tribunes, dont la plupart sont cosignées par Annie Ernaux, je pense que nous devrions aussi faire attention à nos silences », a-t-elle poursuivi.

« Ce silence continue de nous diviser »

« Dans le brouhaha de nos indignations faciles, le silence, même relatif, après ce 7 octobre, dans lequel 1 200 Israéliens ont été massacrés, est assourdissant », a déploré la chroniqueuse de France Inter. « Et s’il est évident que nous partageons tous ici les appels au cessez-le-feu, comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? », s’est-elle interrogée, des propos accueillis par des applaudissements fournis pendant plusieurs secondes.

« Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Netanyahou sans réclamer celui du Hamas ? », a-t-elle ajouté, avant d’être de nouveau applaudie. « Ce silence qui accompagne les victimes du 7 octobre et les otages continue de nous diviser et de blesser tous ceux, juifs ou non, qui sont attachés aux droits humains. Il ne tient qu’à nous tous de briser ce silence et la solitude d’une partie de ceux qui nous écoutent au théâtre ou ailleurs », a-t-elle insisté.

Quelques minutes plus tard, la comédienne de 50 ans était de retour sur scène, cette fois pour remporter elle-même un Molière, celui de l’humour, pour son spectacle « Le Monde d’après », décrit comme un seul-en-scène « très politique ». « L’avantage quand on fait un spectacle sur tous les teubés (bêtes) de l’époque - les complotistes, les antivax, les populistes d’extrême droite, d’extrême gauche, les islamistes etc -, c’est que je peux déjà leur dédier ce Molière car je sais qu’ils sont, sur les réseaux sociaux, en train de m’inviter à me l’introduire dans le fondement », s’est-elle amusée. « Mais pour de vrai, je dédie ce Molière à tous les autres », a-t-elle finalement souri.

Quelques jours après les attaques du 7 octobre, Sophia Aram avait déjà déploré dans les colonnes du Parisien un « silence désolant » des artistes. « Quand on compte le nombre d’artistes prêt à s’indigner sur tout et n’importe quoi, à embrasser n’importe quelle cause débile et sauter sur n’importe quelle indignation, ce silence après le pogrom organisé et mis en œuvre samedi dernier par le Hamas en Israël est à vomir », avait-elle déclaré, estimant que « c’est un silence qui s’impose dès lors que l’islam politique et l’islam radical sont en jeu ».

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