MORT DE LAURENT CANTET, LE RéALISATEUR DU FILM « ENTRE LES MURS » AVAIT 63 ANS

DÉCÈS - Une page du cinéma français se tourne. Ce jeudi 25 avril, le réalisateur français Laurent Cantet, connu notamment du grand public pour son long-métrage Entre les murs (Palme d’or du Festival de Cannes, en 2008), est décédé à l’âge de 63 ans, a-t-on appris de l’AFP par son agent, confirmant une information de Libération.

« Il est mort ce matin à Paris de maladie », a indiqué Isabelle de la Patellière à l’AFP. Le réalisateur travaillait sur un projet de film, intitulé L’apprenti, qui devait sortir en 2025.

« Témoin engagé des failles humaines », selon Télérama, Laurent Cantet laisse derrière lui une petite poignée de films seulement, dont Ressources humaines, Vers le sud, Retour à Ithaque ou le plus récent Arthur Rambo, sorti en 2022. En 2008, Entre les murs lui a valu lors du 61e Festival de Cannes la reconnaissance internationale.

L’épopée Entre les murs

Mi-documentaire mi-fiction, ce film d’un budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français, François Bégaudeau (auteur du roman éponyme dont il s’inspire), et des élèves de 13 à 15 ans, aux origines géographiques et sociales multiples, dans un collège parisien.

Le Festival de Cannes a immédiatement réagi jeudi, saluant la mémoire d’un « humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ». Un cinéaste et scénariste « dont l’œuvre cohérente et humaniste dessine un cinéma sensible, à fleur de peau et à fleur de société », ajoute le festival. Et pour Entre les murs, un film « au naturalisme déconcertant ».

Très souvent drôle -« J’aime pas les maths, les racistes et Materazzi », lançait Carl, un des personnages d’Entre les murs en faisant son auto-portrait-, le film a aussi ses moments émouvants et graves, l’école servant de caisse de résonance aux difficultés et aux inégalités sociales.

Le tournage du film avait été précédé, le temps d’une année scolaire, d’ateliers d’improvisation au collège Françoise-Dolto, dans l’est parisien, où le film a été tourné.

Laurent Cantet, cinéaste engagé

Avant cela, Laurent Cantet s’était fait remarquer avec le film Ressources humaines (1999), sur le monde de l’entreprise et L’emploi du temps (2001), inspiré de l’affaire Jean-Claude Romand. Il était revenu à Cannes en 2017 avec L’Atelier, dans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture.

« Le film fait le constat d’un monde peut-être plus dur encore que celui que décrivait Entre les murs. Mais en même temps, j’espère que le film démontre aussi que la parole est importante. Et que les jeunes la maîtrisent plutôt bien », disait alors Laurent Cantet.

Son dernier film Arthur Rambo, sorti en 2021, se penchait sur la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux.

Il s’inspirait de l’histoire vraie de Mehdi Meklat, un jeune auteur qui avait acquis une notoriété en chroniquant les quartiers défavorisés, avant de tout arrêter face à la découverte en 2017, de tweets antisémites, homophobes, racistes et sexistes.

« Cinéaste fin, discret et plein d’humanité, nullement ébloui par sa Palme d’or, Laurent Cantet réussissait avec précision et sens du rythme ce qu’il y a de plus difficile au cinéma : filmer les conversations, c’est-à-dire la vie », a réagi auprès de l’AFP l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.

Aux côtés de Pascale Ferran et de Cédric Klapish, il avait fondé en 2015 La Cinetek, plateforme de VOD de films éditorialisée par des cinéastes. Laurent Cantet a beaucoup collaboré avec Robin Campillo (120 battements par minute), qui fut son monteur avant de passer à la réalisation.

Citoyen et cinéaste engagé, le fils d’enseignants originaire des Deux-Sèvres était un membre actif du Collectif 50/50, qui milite pour l’égalité des femmes et des hommes dans l’industrie du cinéma. En 2010, il s’était engagé aux côtés d’un parterre d’artistes français en faveur de la grève des sans-papiers.

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